Salut les velu(e)s.
Petite victoire et joie dans le cœur aujourd’hui parce que j’ai fait quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, présenter Jazz Lanka.
Catcheuse britannique bottant du cul international, je l’ai côtoyée très rapidement parce qu’elle avait eu la gentillesse de participer à un projet que j’animais à l’époque et j’ai été séduit par son amabilité, sa courtoisie et son caractère très attachant sur l’heure et demie qu’on avait passé ensemble. Elle est cool et elle est chaleureuse, un vrai rayon de soleil.
Ce qui est drôle la dedans, un peu comme Hooligan Beef, Rosto et Tristan Archer, c’est que malgré ce côté la, elle se transforme en lionne dès que la cloche sonne et qu’elle doit battre la nana en face. Ça doit être un truc inhérent au sport : très amical dans la vie, prêt à t’arracher la tête dans le ring.
INTERVIEW !

Crédits photo : Romain Deseine Photography. (https://www.romaindeseinephotography.com/)
1. Qui t’a entraîné et depuis combien de temps tu pratiques ?
C’est assez compliqué. Au départ en 2009, je suis entrée à l’APC (Organisation de catch de Nanterre ndlr) mais l’entraînement était fait par un catcheur qui n’est plus là, Eddie Mondeiro. Du coup c’était lui qui m’entraînait beaucoup. J’ai arrêté en 2011 puis je suis revenue dans le catch en 2015 mais avec personne, j’suis assez nomade quoi donc je m’entraîne toute seule physiquement. En 2015 je suis revenue avec des stages chez Booster et c’est ça qui m’a relancé.
2. Qu’est ce qui t’a poussé à devenir catcheuse ?
Un pari avec mon frère à l’époque. Il aimait bien ça et avait vu à l’APC il y avait des entraînements. J’avais 8 ans quand j’ai vu un match de catch à la TV en Ecosse avec mon frère. Moi je faisais des sports de compétition, de l’escrime, du coup je disais que le catch n’était pas vraiment un sport etc… Mais il m’a demandé de faire un entraînement et au final j’ai kiffé. J’ai vu le côté sportif, spectacle, créatif du catch.
3. On se demande souvent à quoi peut ressembler le traitement des catcheuses à l’entrainement, parce que le catch reste un univers très masculin, rude. T’as vu une différence dans ton apprentissage par rapport à l’escrime justement ?
En fait on peut vraiment pas comparer l’entraînement avec le catch et un autre sport. Perso’ je trouve que c’est à part. À l’escrime c’était des entraînements dans le but de faire des compétitions, de gagner des diplômes, c’était plus scolaire. Et oui à l’escrime l’homme est égal à la femme.
Maintenant en France on est arrivé dans une génération où dans le catch la femme est plus mis en valeur et on a trouvé notre place. Il y a du respect entre les workers hommes et femmes. Ils ont compris qu’on était tout à fait capable de faire comme eux, sans obligatoirement être obligé de s’habiller sexy pour être aimé.
4. C’est quoi ton objectif majeur dans le catch français et dans le catch en général ? T’as une vie professionnelle qui a l’air de vraiment te plaire, tu serais prête à la quitter pour aller par exemple à la WWE ?
Mon objectif c’est d’évoluer comme je peux. Prendre du plaisir. Divertir le public, leur offrir du bonheur car ils nous le donnent bien. Maintenant je ne quitterai pas ma carrière pro pour aller à la WWE (sourire)
5. On parlait de capacité in-ring similaires, qu’est ce que tu penses du catch inter-genre, c’est à dire homme contre femme ? Les japonais et le circuit indé’ américain n’ont pas trop de mal à en montrer mais ça reste assez tabou au plus haut niveau. Ça serait une bonne chose d’en montrer plus pour valider les capacités des catcheuses ou tu penses que c’est pas nécessaire ?
Quand je suis arrivée dans le catch, j’ai toujours été face aux mecs car il n y avait pas de filles. Donc pour moi ça ne me dérange pas. Maintenant si c’est pour valider les capacités des catcheuses, ce n’est pas nécessaire.
Je comprends que ce soit tabou dans le sens « voir un homme frapper une femme« . Si tout le monde avait compris que ce n’est pas comme de la boxe, on pourrait plus montrer ce type de match mais comme ce n’est pas le cas et qu’il y en a toujours qui ont leur avis sur le catch, que ce soit dans le positif ou dans le négatif…. On ne peut pas vraiment montrer souvent ce type de match. Perso’ moi j’ai rien contre, j’aime bien être face à un mec.
6. T’as affronté des gros noms français, des catcheuses internationales, t’as voyagé à l’étranger… C’est toujours difficile de choisir mais c’était qui ta plus belle rencontre in-ring parmi toutes ces personnes, un adversaire avec qui ça cliquait immédiatement ?
A mes débuts, j’ai fait un Triple Threat où j’étais face à une Portugaise qui s’appelait Ziva. Elle était vachement souple à plus de 40 ans, mère de famille, elle était assez impressionnante. C’était fou parce qu’on parlait pas la même langue, elle parlait même pas anglais, moi j’avais qu’un fond d’espagnol donc rien à voir mais on essayait quand même de se comprendre et on se comprenait très bien au final, on a fait un super match au final et c’était si simple.
A la Japan Expo, j’ai eu la chance d’avoir un petit match avec Yoko Bito grâce à la ICWA, c’était juste génial. Pareil elle parlait pas anglais, ni français pourtant on se comprenait c’était simple, y’avait le smile, le sourire… Y’avait vraiment ce côté partage, on se fait pas mal, le plaisir du sport tu vois. J’ai trouvé ça très généreux et ce qui est bizarre c’est que j’ai ressenti ça qu’avec des étrangers (rires).
Je dis ça en rigolant mais c’est un peu vrai. A l’étranger j’ai toujours trouvé quelque chose de généreux, enfin c’est pas pareil. Je ne dis pas que je retrouve pas ça chez les filles ici quoi, y’en a t’as des feelings, y’en a d’autre où t’as pas du tout de feeling, je partage quand même des bons moments avec Camille (Grignon, ndlr) ou Délia (Sahraoui, ndlr) par exemple.
7. J’ai parlé à des femmes qui hésitaient à entrer dans le catch même si elles sont très attirées par le côté artistique et spectacle. Si tu devais leur donner un conseil pour se lancer, ce serait quoi ?
Avoir soif d’apprentissage, parce qu’il faut savoir que ça va te prendre du temps à l’entrainement. Tu vas vivre des moments géniaux mais ça va prendre du temps, de la persévérance. Parfois faudra faire des minis sacrifices parce que le week-end on est bookés et on va louper des choses de la famille. Faut prendre ça en compte mais après tu vis des moments superbes, tu voyages… c’est un peu comme des mini tournées donc c’est super intéressant.
Surtout surtout, savoir où aller, savoir où on va, toujours poser des questions et les bonnes questions. Qu’elles viennent assumées et après tout ira bien quoi. A partir du moment où tu sais que tu veux et que tu ne te laisses pas marcher dessus, ça ira. Faut pas venir non plus avec une attitude sur la défensive !
Il faut pas commencer trop tôt, moi j’ai commencé trop tôt, on m’a mis sur le ring deux semaines après. Ça m’a pas traumatisé, c’est juste que commencer trop tôt en étant une femme faut faire attention parce qu’on est pas « fini », c’est comme les hommes. Mentalement c’est assez difficile surtout si on a du travail à côté ou des études. Pour moi quand tu rentres dans le catch faut que tu sois une femme, c’est à dire minimum assumée, que tu ne dises pas oui à tout.
Surtout faut qu’elles soient encouragées parce qu’il n’y a pas beaucoup de nanas en France. Il y en a beaucoup qui partent, il y en a beaucoup qui font des pauses comme moi. La ça recommence à grimper avec Camille, Amale (Winchester ndlr), Délia qui sont bookées tous les week-ends, si d’autres filles peuvent prendre la relève ou suivre le chemin, qu’elles le fassent. Je ne peux que les encourager à venir, à montrer ce qu’elles savent faire, faire leurs preuves et de bien choisir l’association ou la fédération qui convienne. C’est pas parce que c’est l’association à côté de chez toi qu’elle est forcément bien, faire attention où tu mets les pieds et se donner à 100%. Faut aussi ne jamais rien lâcher parce que des fois tu peux faire des matchs pourris, faut être perfectionniste, persévérant et après c’est que du bonheur.

Crédits photo : PikaGreg Photography (Sur Facebook)
Merci à Jazz Lanka pour cette sympathique interview, vous pouvez la retrouver sur tous les réseaux sociaux qui se respectent : Facebook, Twitter, Instagram.
Vous pouvez aussi la retrouver sur son channel Youtube où elle vous apprend, entre autres, a muscler vos corps de lâches à la maison.
Merci au talentueux Romain Deseine d’avoir permis de partager ses photos, vous pouvez le retrouver sur son site officiel et sur son Facebook.
A bientôt les bourrins.