Dans notre rubrique Catch, on a parlé souvent de fédérations américaines et anglaises, j’ai également évoqué l’organisation que je suis le plus pour l’article sur Shinsuke Nakamura, la NJPW.
Ce qu’on a toujours pas abordé, c’est ce qui se passe sur notre propre sol. Je connaissais évidemment un peu notre glorieuse histoire catchesque, mais je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait s’y passer de nos jours.
A l’heure où l’Europe connait une véritable révolution en terme d’exposition et de crédibilité au niveau international, avec en tête de proue des compagnies phares comme PROGRESS, Revolution Pro ou ICW, la France continue de produire régulièrement des shows attirant toujours plus de monde, et continue de proposer un contenu de qualité. Un contenu qui, au final, n’a que le soucis de n’être pas exposé aussi bien que le reste des organisations citées plus haut.
Parmi les nombreuses organisations que l’on a en France, une a particulièrement retenu mon attention: la ICWA. Une compagnie tenue par Pierre « Booster » Fontaine, un véritable amoureux du catch qui tente depuis maintenant 13 ans de faire revivre à la France son âge d’or catchesque en produisant régulièrement de très bons shows, et en se cassant le cul à l’infini pour amener sur notre sol de véritables légendes du genre.
Un mec tellement investi qu’il a également ouvert une école du nom de Institut National de Formation au Catch, un lieu où l’on peut apprendre l’art qu’est le catch avec des professeurs qui ont parcouru le monde pour perfectionner leurs techniques et qui sont toujours actifs, comme le très talentueux Tristan Archer.
Une école qui n’a même pas pour but d’être l’école de la ICWA, mais plutôt une base de départ pour apprendre et aller lutter partout sur notre sol ou à l’étranger, pour tout simplement continuer à développer le catch en France.
En plein préparatifs pour LE mégashow de l’année, Revolution 8 le 21 Mai, on a réussi à grappiller un peu de temps à Booster pour causer ICWA, catch en France, et baston entre membres du CDB.
CDB – Booster, quand on regarde ce que propose la ICWA, on voit qu’elle est clairement tournée vers un public de « connaisseurs ». On parle de gens qui ne regardent pas uniquement la WWE et qui sont au courant de ce qu’il se passe ailleurs. Est-ce que tu pourrais nous expliquer pourquoi tu as décidé d’orienter la ICWA de cette manière ?
Booster – C’est en parti vrai. En tant que fans de catch, nous avons toujours été intéressés par la WWE et le catch indy (indépendant, ndlr). Cela explique que nous ayons fait appel à des talents indy au fil des ans, dès 2003, comme par exemple Daniel Bryan, Cesaro, Paige, Chris Hero… avant qu’ils signent à la WWE. Nous avons aussi eu des anciens WWE / WCW / ECW / TNA comme Raven, Gangrel, Vampiro, Joe E Legend car nous voulions amener une dimension de rêve et de « bigger than life » au catch français, dimension qui manquait et qui manque encore cruellement. Cela explique aussi que nous ayons fait venir des catcheurs japonais comme CIMA, Dragon Kid ou Ultimo Dragon…
Notre volonté est d’amener un supplément d’âme au produit que nous proposons. Ceci dit, cela a ses limites car il est impossible de faire vivre un produit « 100% connaisseurs » en France. Malheureusement c’est une mentalité très française, ce qui est « français » est forcément moins bien que ce qui est étranger. C’est vraiment dommage mais c’est ainsi. Le français aime s’auto-flageller… Du coup nous avons décidé de proposer un produit à mi-chemin entre le catch « grand public » et le catch « pour connaisseurs ». Nous alternons selon l’importance des shows et selon les possibilités que nous offrent le calendrier.
Nous avons fait une seule exception, un show « 100% connaisseurs » le 25 mai 2014 : une salle très « roots », un roster top niveau tourné vers l’indy avec notamment Chris Hero, Tommy End, Tristan Archer, et des matchs à stipulation (avec par exemple un match hardcore). Ce show n’a attiré que 84 personnes malgré une intense communication online. Autant dire que cela a enterré pour quelques temps notre volonté de nous tourner exclusivement vers les « connaisseurs ». Un produit hybride susceptible de plaire au grand public et aux connaisseurs, c’est sur cela que nous travaillons depuis.
CDB – Quand on voit la qualité des matchs, des shows et du roster de la ICWA, on voit que l’organisation aurait clairement sa place dans cette révolution que connait le catch européen en ce moment. Est-ce que la clé pour conquérir ce public français plutôt capricieux, ce ne serait pas la reconnaissance de votre travail à l’étranger ? Je pose cette question comme si c’était simple hein…
Booster – C’est possible en effet. Ceci dit, même si peu de gens le savent, l’ICWA n’est pas une inconnue pour les étrangers. Déjà en 2004 nous avions des étrangers qui venaient voir nos shows, notamment les éditions de Revolution. Cela a aussi été le cas lors de shows frontaliers comme à Saint-Avold par exemple. Cette année encore, pour Revolution 8, nous aurons un petit contingent de fans allemands, pas mal de fans belges… Ici je parle des fans, mais dans le milieu du catch nous avons aussi une notoriété car au fil des ans nous avons noué des contacts avec d’autres promotions et avec nombre de catcheurs. Je pense donc que ce qui manque, comme bien souvent en matière de catch français, ce n’est pas le fond, c’est la forme : faire savoir les choses, communiquer plus et mieux. C’est un des gros problèmes récurrents dans l’Hexagone en matière de catch.
CDB – Revolution 8 qui aura lieu le 21 Mai et qui à l’air super prometteur… En parlant de ces événements, ça va faire maintenant 13 ans que tu organises des galas de catch ! Est-ce que tu en as un qui t’a marqué en particulier ? En terme d’ambiance, de succès auprès du public, de qualité des matchs ou même simplement grâce aux rencontres que tu as fait.
Booster – Probablement Revolution 5 au Grand Palais de Lille en 2008. Il y avait 2400 spectateurs, une ambiance incroyable. Il y avait beaucoup de mes élèves sur la carte ce qui donne toujours un côté spécial pour moi. Nous avions également Gangrel et Joe E. Legend, deux ex-WWE, dans un match du cercueil. Serena Deeb était là aussi, son dernier match indy avant de rejoindre la WWE et de s’allier à CM Punk. Christophe Agius et Philippe Chereau (commentateurs officiels français de la WWE) étaient là pour commenter le show en live. C’était aussi la première fois que nous faisions un match « Echelle du temps », une création ICWA. Bref c’était une soirée incroyable. Un souvenir qui restera gravé à jamais dans ma mémoire.
CDB – Ce serait quoi pour toi la prochaine grande étape à franchir avec la ICWA ? Est-ce qu’il serait possible d’imaginer une retransmission des galas sur L’Equipe 21 par exemple ? Ils diffusent énormément d’événements sportifs et ils ont même passés les weeklies de la ROH… Ce ne serait pas illogique dans leur programmation.
Booster – Ça pourrait être une étape, mais une étape lointaine. Notre politique a toujours été de grandir étape par étape, sans trop tirer de plans sur la comète. Une retransmission TV régulière, tout le monde en rêve, mais cela demande une vraie préparation, une équipe rodée, une assise financière, bref beaucoup d’éléments à mettre en place. Cela n’est pas impossible, c’est le but vers lequel il faut tendre, mais cela prendra encore du temps.
CDB – Dernière question. Booster, t’as booké beaucoup de grands noms depuis maintenant plus de 13 ans, il n’y a pas mieux placé que toi pour répondre à cette question. Si tu devais imaginer un match entre Hooligan Sensible (je me cite à la troisième personne, hein) et mon collègue sur le CDB, Viril Châtelain. Qui gagnerait, et comment ?
Booster – Je serai partisan de faire ce que faisaient certains vieux promoteurs peu scrupuleux à l’époque pour s’assurer un match plein de rebondissements : prendre chaque catcheur à part et lui dire que c’est lui qui gagne le match. Une fois sur le ring le conflit éclate et les catcheurs se retrouvent contraints de se shooter (de se battre légitimement, ndlr). Ça donne toujours un spectacle hors du commun. Ce serait cruel, certes, mais il y a un peu de cruauté au fond de chaque catcheur… ou pas (rires)
Toute l’équipe du Coin du Bourrin remercie Booster pour son immense gentillesse et sa patience, et je le remercie personnellement en tant que fan de catch pour l’immense travail qu’il effectue pour que notre bonne vieille France soit encore une terre cool de catch. Bordel, il a fait la venir la légende Ultimo Dragon en France !
GROS EVÈNEMENT ce Samedi 21:
Le plus grand show français de l’année aura lieu à une heure en voiture de Lille à la mythique salle La Luna de Maubeuge !
Les portes s’ouvriront à 19h et le show débutera à 20h.
Les billets sont disponibles en prévente à 7€ à cette adresse et elles seront à 9€ sur place. Les enfants sont la bienvenue, avec un ticket à seulement 4€ !
Pour voir autant de qualité in-ring avec des talents incroyables comme Tristan Archer, Lucas Di Leo, Doug Williams et Tommy End, un gars qui va régulièrement à la PWG, c’est vraiment un prix extraordinaire.
Vous pouvez retrouver toutes les infos sur la page officielle de l’événement.
Faites pas les cons ça vaut le coup, on se retrouve la bas !
Je ne suis pas amatrice de catch mais j’ai apprécié l’article… Tellement que l’on serait prête à prendre le temps de découvrir! ^^
Dans la musique, les bons chanteurs, et non ceux provenant d’émissions diverses, ont également du mal à se faire une place en France, à se distinguer des chanteurs étrangers, américains et anglais, ou de ceux soutenus pour l’image plus que la talent! ><
La communication peut aider mais il faut savoir la faire, l'imposer et faire face à celle qui pollue pour d'autres.
Il en est ainsi pour le catch, la musique mais aussi le dessin, la photographie, l'écriture… et tant encore!
Est-ce que le petit monde se contente de ce qu'on lui propose par fainéantise, manque de curiosité ou a-t-il véritablement mauvais goût?
Allez, faites un effort et ouvrez-vous! 🙂
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[…] donc c’était la ICWA, j’ai déménagé dans le Nord pour m’entraîner la-bas avec Booster, et puis voila ca s’est fait comme ça. C’était l’année du bon cru, j’ai […]
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